Source : Culture Clash? What cultured meat could mean for UK farming

Une étude récente de la Royal Agricultural University s’est penchée sur les répercussions potentielles de la viande cultivée sur l’agriculture britannique, explorant à la fois les craintes des agriculteurs et les opportunités offertes par cette nouvelle technologie alimentaire. Conduite par une équipe interdisciplinaire, l’étude combine des analyses de médias sociaux, des discussions approfondies avec des agriculteurs, et des modélisations économiques pour fournir une vision globale des défis et des avantages possibles de la viande cultivée. Elle présente les principales préoccupations des agriculteurs ainsi que les perspectives qu’ils entrevoient face au développement de cette innovation.

Les agriculteurs britanniques expriment une large variété de craintes concernant la viande cultivée, allant bien au-delà de l’impact financier supposé sur leur activité. Leurs préoccupations touchent à la sécurité, à la “naturalité” et au contrôle de cette nouvelle méthode de production alimentaire. Parmi les principales inquiétudes, l’incertitude occupe une place prépondérante. Les agriculteurs se demandent comment la viande cultivée se comparera en termes de coût et de qualité aux protéines animales ou même végétales traditionnelles, et à quel point elle entrera sur le marché. Ils s’interrogent sur sa place éventuelle dans les produits transformés ou comme complément à la consommation de viande traditionnelle.

La fiabilité des données disponibles constitue une autre préoccupation forte. Les agriculteurs déplorent le manque d’informations impartiales et transparentes sur la viabilité technique, économique, ainsi que les impacts environnementaux et sanitaires de la viande cultivée. L’absence de données claires et précises alimente leur scepticisme. De plus, ils estiment que les entreprises de viande cultivée se concentrent principalement sur le développement de systèmes de fabrication, sans accorder suffisamment d’attention aux chaînes d’approvisionnement des ingrédients de base et aux produits finaux. De même, les conséquences sur les régimes alimentaires ou sur l’utilisation des terres agricoles ne sont pas assez concrètes. Les agriculteurs, déjà confrontés à ces réalités complexes, appellent à une évaluation réaliste et détaillée de ces questions.

Les effets collatéraux de la viande cultivée sur les entreprises agricoles et les communautés locales inquiètent également les agriculteurs. Par exemple, ils craignent que la substitution de la viande cultivée aux morceaux moins chers, comme le bœuf haché, n’affecte la valeur de l’ensemble de la carcasse, compromettant ainsi la viabilité de la production de morceaux plus coûteux. Ils redoutent aussi une consolidation accrue de la chaîne d’approvisionnement, où quelques grandes entreprises pourraient imposer des conditions injustes aux producteurs. Les conséquences en termes de perte d’emplois et la diminution d’activité économiques dans les communautés rurales suscitent des préoccupations.

Malgré ces inquiétudes, certains agriculteurs entrevoient des opportunités potentielles offertes par la viande cultivée. Cette nouvelle technologie pourrait permettre aux agriculteurs de se diversifier et de s’adapter à de nouveaux marchés. Par exemple, la production de viande cultivée nécessite des cellules animales et des ingrédients pour les milieux de croissance, offrant ainsi des débouchés potentiels. De plus, la valorisation des déchets agricoles, tels que les résidus de colza, les sabots et cornes, et le sang bovin, pourrait réduire les coûts de production de la viande cultivée et son empreinte environnementale.

Les agriculteurs pourraient également renforcer leur avantage concurrentiel en mettant en avant la viande « réelle » produite de manière traditionnelle, soulignant son origine, le bien-être animal et les races rares. La commercialisation de la viande comme un produit « spécial » pourrait justifier un prix plus élevé par rapport à la viande cultivée. En outre, la production de viande cultivée sur les fermes pourrait ouvrir de nouvelles chaînes d’approvisionnement et des opportunités de vente directe, même si cela nécessite des investissements importants.

Enfin, les agriculteurs pourraient profiter de cette transformation de la chaîne d’approvisionnement pour rééquilibrer en leur faveur les relations avec les autres parties prenantes comme les industriels et les distributeurs. La création de coopératives locales pour fournir des ingrédients ou produire de la viande cultivée, ainsi que l’attraction de nouveaux investissements privés pour des projets d’énergie renouvelable ou de production de viande cultivée à la ferme, représentent également des opportunités intéressantes.

Pourquoi c’est important ?

On le sait, la transformation des méthodes de production alimentaires, en particulier de la viande, est essentielle pour répondre aux défis environnementaux et alimentaires mondiaux. La viande cultivée est une des solutions pour aller vers ce futur plus durable, où la majorité de la population aura accès aux protéines animales. Cependant, cette transition ne peut se faire sans l’inclusion active des éleveurs. Ces derniers possèdent une connaissance approfondie des systèmes agricoles et des chaînes d’approvisionnement, et leur expertise est indispensable pour intégrer la viande cultivée de manière harmonieuse et efficace au paysage alimentaire existant. Leur participation peut aider à identifier et à surmonter les défis techniques, économiques et logistiques liés à la production et à la distribution.

Les transformations sociales sont également significatives ! La viande cultivée pourrait bouleverser les communautés rurales en modifiant les structures économiques locales, les pratiques agricoles et les dynamiques sociales. Pour que cette transition soit équitable et bénéfique pour tous, il est impératif que les agriculteurs soient au cœur des discussions et des décisions. Leur inclusion garantit que les solutions développées seront réalistes, justes et adaptées aux besoins et aux réalités du terrain.

La démarche qui a conduit à cette étude, en réunissant des éleveurs, des scientifiques, des représentants de l’industrie de la viande cultivée, des ONG et des décideurs politiques, est particulièrement innovante en Europe. Cette approche collaborative favorise une communication inclusive et transparente, essentielle pour éviter la polarisation des débats et pour construire une transition vers un système alimentaire plus durable. Espérons que cette expérience donne des idées aux différentes institutions et groupements.

By Grégory Maubon

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