Source : The great slowing of innovation
Cette analyse met en lumière un ralentissement préoccupant dans l’innovation et les investissements dans le domaine des technologies alimentaires (FoodTech), tout en le situant dans un contexte plus large de baisse de financement dans d’autres secteurs technologiques. Depuis 2021, les investissements dans les startups FoodTech ont diminué de 72 %, revenant aux niveaux observés en 2017/2018, bien loin des records de 2020. Cette baisse se traduit également par une réduction marquée du nombre de transactions financières, ce qui limite la croissance des jeunes entreprises et pourrait avoir un impact à long terme sur l’innovation dans ce domaine.
L’innovation globale, mesurée par des indicateurs comme le nombre de brevets déposés et de publications scientifiques, est, elle aussi, en déclin. En 2023, le dépôt de brevets a baissé de près de 2 % et les publications scientifiques ont chuté de 5,3 %. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette situation. Les coûts de l’innovation augmentent à cause de l’inflation et de la compétition pour attirer les talents. Une certaine “rationalisation” est aussi observée, les acteurs se concentrant sur des projets perçus comme plus rentables.
Dans le secteur de la FoodTech, ce ralentissement est aggravé par le manque d’attractivité des startups face à des technologies plus en vogue comme l’intelligence artificielle. Les innovations dans des domaines comme les protéines alternatives ou la décarbonation nécessitent des délais plus longs pour atteindre un stade commercial. Cela entre en conflit avec les attentes des investisseurs, qui cherchent des retours sur investissement en sept à dix ans.
L’article propose néanmoins des pistes pour transformer ces défis en opportunités. Il recommande notamment de privilégier des partenariats stratégiques entre les acteurs du secteur agroalimentaire pour soutenir le développement des technologies disruptives. Il souligne aussi l’importance d’augmenter les dépenses en recherche et développement (R&D) et de construire des écosystèmes d’innovation internes, capables d’identifier les besoins réels et de développer des solutions à long terme.
Pourquoi est-ce important ?
L’article met en lumière des défis structurels qui dépassent le seul secteur de la FoodTech. La baisse des investissements et de l’innovation pourrait ralentir des avancées nécessaires pour répondre à des enjeux globaux comme la durabilité, la sécurité alimentaire et la santé publique. Ce constat pousse à repenser les modèles actuels de financement et de collaboration.
L’investissement privé, souvent orienté vers des résultats rapides, ne semble pas toujours adapté à des projets de recherche et développement (R&D) dans le domaine agroalimentaire. Ce secteur, particulièrement sensible aux cycles longs et aux impératifs réglementaires, aurait tout à gagner d’un financement plus patient, mieux aligné sur les besoins réels. Par exemple, le développement de la viande cultivée, une technologie prometteuse mais complexe, pourrait bénéficier d’un changement de stratégie. Plutôt que de dépendre uniquement des startups, ce développement pourrait passer par des partenariats avec des multinationales. Ces collaborations permettraient de mutualiser les ressources, d’accélérer la commercialisation et de surmonter les défis liés à l’industrialisation.
De manière plus large, le ralentissement global de l’innovation met en question la durabilité des modèles actuels. Une dépendance excessive aux brevets ou aux publications scientifiques comme indicateurs de succès pourrait masquer une baisse réelle de la qualité et de l’impact des recherches. La rationalisation des efforts et une meilleure coopération entre les acteurs de la chaîne de valeur pourraient offrir une solution. En augmentant les dépenses en R&D et en construisant des écosystèmes internes d’innovation, les entreprises pourraient non seulement compenser la baisse des financements extérieurs, mais aussi se repositionner comme moteurs de transformation durable.
En définitive, cet appel à repenser l’innovation agroalimentaire, non pas comme une course au profit rapide mais comme un investissement stratégique à long terme, pourrait avoir des implications positives bien au-delà du secteur. Il ne s’agit pas seulement d’un ajustement temporaire, mais d’une opportunité de construire un avenir plus résilient et plus durable.